McFalls, ton univers impitoyable
D’abord fabricants d’alcool clandestins puis producteurs de marijuana à l’ombre des arbres centenaires, les Burroughs règnent en maîtres, malgré une histoire familiale plutôt chargée. Seulement, aujourd’hui, Clayton est le dernier rejeton et il a voulu s’extraire du carcan en devenant shérif du compté de McFalls à défaut d’autre candidat, mais n’endigue pas tant que ça l’empire de son frère aîné. Par faiblesse, sûrement. Parce qu’il est trop gentil, aussi. L'’interlocuteur parfait pour l’agent Simon Holly dont le but est de démanteler l’empire Burroughs. Quant à son plan, il est plutôt simple et consiste à confier à Clayton un message pour son frère. Une proposition, à vrai dire. Balancer ses fournisseurs d’armes en échange d’une retraite méritée. Est-ce que Halford Burroughs l’entendra de cette oreille, ça reste à voir.
Ce qui tient en haleine, c’est un peu l’écriture, la véracité des dialogues mais surtout, surtout la structure. On se balade entre passé et présent, on change successivement d’opinion à propos des personnages, en fonction de leur évocation par d’autres ou de ce que l’on découvre directement en lisant leur aventure. Ça change radicalement en fonction de qui regarde. Sans compter qu’on croit lire un roman noir sans « coupable » ni suspense autre que l’évolution des évènements, au début. Avant de réaliser de plus en plus que… bon sang, il se passe un autre truc et qu’on a peur de comprendre. Une dimension nouvelle à un roman déjà bigrement bien maîtrisé. Comme si on allait au cinéma voir une comédie potache mais bien faite, et qu’au bout d’une heure on s’apercevait que l’humour a disparu depuis plus de trente minutes et que nos doigts sont crispés sur les accoudoirs. "Bull mountain" est excellent.