Braquage à la belge
Concerto pour quatre mains commence par trois récits croisés. D’un côté, le casse du siècle. Huit hommes cagoulés qui sortent de deux véhicules au pied d’un avion, alors que celui-ci s’apprête à recevoir une cargaison de la Brink’s. Ils menacent les convoyeurs et emportent tous les colis contenant 300 millions de dollars de diamants bruts en moins de trois minutes, sans aucun coup de feu. D’un autre côté, Jean Villemont, avocat belge chargé de défendre un homme qui refuse son aide, arrêté suite à un hold-up de bureau de poste vraiment très étrange. Enfin, Franck Jammet, son histoire, le récit de vie d’un immense génie du braquage ayant décidé de sa carrière le jour où, à onze ans, il manqua une opportunité de rafler un billet de 5 000 francs belges. De là, l’escalade du plus grand cerveau du crime organisé de tous les temps, toujours sans violence, simplement du braquage à haut risque orchestré d’une main de maître.
Et voilà bien les deux ressorts narratifs qui empêchent d’aller dormir dès lors qu'on débute ce roman : la quête de vérité de Jean Villemont et le récit incroyablement palpitant de la vie de Jammet, ponctués de plans millimétrés pour dépouiller de plus en plus de monde, à des niveaux de plus en plus spectaculaires. Ce livre est un véritable mode d’emploi pour braqueurs amateurs, à moins que ce soient le sens du rythme et le style punchy de Colize qui nous feraient avaler n’importe quoi. Les personnages sont touchants, rêvent simplement, vivent avec force. L’art de Colize. Le roman à cent à l’heure maîtrisé jusqu’au point final.