No guts, no glory
Les Infâmes est l’histoire de Freedom Oliver, une femme approchant la quarantaine, belle rousse couverte de tatouages, adepte du jean/rangers, qui passe ses jours et une partie de ses nuits à bosser comme serveuse au Whammy Bar, le genre de bar rock où affluent les clubs de bikers et rockeurs paumés en tout genre. Freedom est alcoolique au dernier degré. Et suicidaire, comme le prouve sa « tirelire à suicide », gros bocal dans lequel elle épargne lentement les médicaments qu’elle est censée prendre. Elle boit, toujours, tout le temps, jusqu’à se faire récupérer par les deux mêmes flics qui la recouchent quand ils le peuvent. Pourquoi ces égards ? Parce que Freedom ne s’appelle pas Freedom. Elle est bénéficiaire du programme de protection des témoins suite à son procès pour le meurtre de son mari, un flic, qu’elle a fini par gagner après quelques années de prison. Beau tableau qui lui vaut la méfiance et les insultes de tout le monde chez elle, et surtout des shérifs. Superbe tableau quand on comprend que Freedom a perdu ses deux enfants, retirés juste avant le procès et confiés à une famille religieuse du Kentucky, un fils et une fille qu’elle n’a tenue dans ses bras que deux minutes et dix-sept secondes. La totale. Un jour, Freedom tape le nom de ses enfants sur Google, c’est ce qu’elle fait pour les suivre et avoir de leurs nouvelles. C’est là qu’elle apprend : sa fille Rebekah a disparu.
Il y a tout pour que ça marche, l’écriture est superbe, on est tout de suite happé par le personnage, on se met à sa misérable place et on a envie de surveiller ses arrières quand elle part en croisade. D'autant que par son langage, sa ténacité, sa condition, Freedom est un personnage qui a du potentiel pour ce genre d’histoire, celle dans laquelle une femme part chercher quelqu’un d’autre, sa fille en l’occurrence, quand quelqu’un est après elle. On admire, c'est tout. Et on attend impatiemment les prochains romans de cette plume à suivre absolument !