Dandy, esthète, de bonne noblesse. N'ayant pas assez de fortune pour financer ses goûts, il épouse une héritière américaine, Anna Gould. « Elle est très belle, vue de dot »*, aurait-il dit. Élégance mondaine, muflerie morale ? Avec les millions qu'elle apporte il construit son hôtel particulier parisien, le somptueux Palais Rose** dont les façades sont inspirées du Grand Trianon. Anna se lasse et divorce. Boni doit gagner sa vie en devenant antiquaire de haut vol. Le sous-titre de ses mémoires est 'L'art d'être pauvre' (il est toujours amusant de constater ce que ceux qui sont habitués à être riches considèrent comme la pauvreté).
On aborde quand-même ses mémoires, malgré des a priori négatifs (ne serait-il pas snob, coureur de dot, goujat ?) car il est un 'cas' incontournable de la Belle Époque. Et là, quelle surprise! C'est drôle, enlevé, très bien raconté.
Cette édition comporte des notes et un index utiles. Une lecture très divertissante.
* Au Musée Carnavalet il y a un tableau de Gervex montrant le Tout-Paris au Pré-Catelan en 1909. Parmi eux se trouvent Anna Gould et son second mari. Anna est vue de dos...
**À l'angle de l'avenue Malakoff et de l'avenue Foch. Ses héritières l'ont vendu en 1969. Malgré des protestations, le nouveau propriétaire l'a démoli. Les autorités ont refusé de le classer car c'était « un pastiche » . Il n'en reste que des photos. Un nouveau bâtiment a été construit sur le site en 1974. Libre au lecteur parisien de regarder et trancher, selon ses goûts: Louis XV pastiché ou années '70 authentique.