Tout ce qui brille n'est pas d'or
Les Vanderbilt sont très riches. Alva, la mère de Consuelo, est intelligente, énergique, férocement autoritaire et ambitieuse. Les trois enfants sont confiés d'abord à une gouvernante allemande. Ensuite les garçons vont à l'école et Consuelo va continuer avec une Française et une Anglaise. Elle reçoit l'éducation habituelle des jeunes filles de bonne famille (en plus rigoureuse, sous la férule d'Alva) : maintien, arts d'agrément, à ceci près que l'instruction n'est pas négligée (plus tard, en Angleterre, elle remarquera que les femmes de son nouveau milieu sont peu instruites quand elles ne sont pas franchement ignares) . Alva la destine à un « grand mariage ». La fortune énorme remplacera les quartiers de noblesse. Après avoir éconduit divers coureurs de dot, Alva lui laisse le choix entre le 9° duc de Marlborough et un prince allemand qui a de bonnes chances d'être élu roi de Bulgarie s'il a le soutien financier nécessaire. Consuelo, 17 ans, ne veut ni de l'un ni de l'autre . Alva écrase tout sur son chemin et, de guerre lasse, sa fille consent à épouser le duc qui, lui, ne veut que redorer son blason.
En 1895, à 18 ans, Consuelo devient maîtresse du vaste et peu confortable palais de Blenheim. Avant toute chose, il faut qu'elle produise un héritier, un mâle! Sinon, lui explique la grand-mère du duc, c'est ce « petit arriviste de Winston [Churchill] », cousin germain de Marlborough, qui héritera du titre. Elle a de la chance: après trois ans de mariage, elle est mère de deux garçons,* qu'elle aime.
Elle doit mener une vie mondaine épuisante, elle fréquente hommes politiques, écrivains, têtes couronnées. Ce dernier « privilège » peut être harassant. Être duchesse n'est pas une sinécure...
Ce « mariage de billets verts et de sang bleu », thème récurrent des romans de James et de Wharton,
ne sera pas heureux. Les époux se séparent légalement en 1906. Libre, Consuelo s'engage dans la lutte pour le vote des femmes. Divorcée en 1921, elle épouse Jacques Balsan et s'installe en France mais il y a un problème avec la nouvelle belle-famille. Quand le duc fait une demande étonnante (pour un duc anglais), Alva joue de nouveau un rôle déterminant. Le destin, ou la providence, a de l'ironie...
« Tout ce qui brille n'est pas d'or ». Consuelo place le récit de sa vie sous ce proverbe. Sa lucidité, son humour et son goût pour la vie et le bonheur la rendent attachante.
Des mémoires qui se lisent comme un roman.
*« The heir and the spare - l'héritier et le rechange » disait-elle.