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Date de publication
Éditeur
Points
Collection
POINTS HISTOIRE (POIN000493)
Nombre de pages
480
EAN13
9782757841839
ISBN
978-2-7578-4183-9
UNE HISTOIRE POLITIQUE DU PANTALON
De CHRISTINE BARD
Points
12,50
Présentation
Successeur de la culotte, le pantalon symbolise la masculinité et, partant, le pouvoir. Au cours de la Révolution, exprimant les valeurs républicaines, il devient un élément-clé du nouvel ordre politique. Mais les femmes, privées de droits, assignées à résidence dans leur genre, restent interdites de pantalon.
Rien de tel qu'un interdit pour susciter le désir... Surchargé de fantasmes, le pantalon accompagne toutes les transgressions qui jalonnent la route de l'émancipation des femmes mais il faut attendre les années 1960-1970 pour que le pantalon soit féminisé, pour qu'il devienne un vêtement mixte.
Fin de l'histoire ? Pas vraiment. Pourquoi les collégiennes ne portent-elles plus que des pantalons ? Pourquoi une " journée de la jupe " ? L'actualité des questions de sexe et de genre gagne à être située dans l'histoire longue de la peur de la confusion des rôles et de la contestation du pouvoir masculin.
Christine Bard
Professeur d'histoire à l'université d'Angers, elle est l'une des principales représentantes de l'histoire des femmes et du genre en France. Elle est notamment l'auteur des Garçonnes (1996) et de Ce que soulève la jupe (2010).
Le mot du libraire
4 juillet 2014

Le pantalon: « des culottes et des bas d'une pièce », «  une longue culotte sans pieds ». Le mot n'était pas courant et il fallait se mettre d'accord sur la définition, car comme chacun sait, à la Révolution Française le pantalon remplaça la culotte. Ce qui avait été le costume de paysans et de marins devint celui des citoyens: bannie, honnie la culotte – et finie la hantise des mollets maigres. Comme toujours, la réalité est plus complexe et la culotte n'a jamais été interdite. Ainsi que pour beaucoup de choses, la Révolution a accéléré et cristallisé un mouvement de société déjà en cours. Napoléon rétablit la culotte dans la tenue de cour, mais dans la vie civile le pantalon l'avait définitivement remplaçée. Et cela dans toute l'Europe. En même temps les hommes renoncèrent aux tissus riches et colorés, aux bijoux, à la dentelle. Le drap noir devint la tenue formelle de rigueur, mais cela est une autre (très intéressante) histoire. Et les femmes? Comme la culotte, le pantalon leur était interdit. Et il était interdit aux hommes de porter des vêtements féminins. La loi de 1793 avait en partie une cause pragmatique: il arrivait souvent que des personnes recherchées par les autorités tentent de s'évader en se déguisant en vêtements du sexe opposé. L'ordonnance de 1800 de la Préfecture de police de Paris précise que les femmes souhaitant porter des vêtements masculins - pour « des raisons de santé «   jamais précisées - doivent en faire la demande à la police qui peut octroyer une autorisation pour une durée limitée. Cette fameuse ordonnance (et non loi, comme presque tout le monde le croit, et qui ne concerne que Paris et ses environs) n'a jamais été abrogée. Elle est tombée en « désuétude » mais pas en « caducité ». En Occident les deux sexes sont égaux, selon la loi. Les femmes ont acquis tout ce que les hommes se réservaient, y compris le droit de porter pantalon. Et l'inverse? L'accès au domaine autrefois masculin est une ascension pour les femmes, l'accès au domaine « féminin » par les hommes est minoritaire et mal vu: un « garçon manqué » est regardé avec sympathie, mais une « fille manquée » ? Admis dans des tenues traditionnelles (jupe écossaise, kimono, paréo etc.), la jupe/robe -tellement plus confortable par temps chaud-est impensable pour les hommes occidentaux. On peut dire que les femmes ont plus de droits que les hommes ( jupe ET pantalon !). C'est un effet secondaire de l'émancipation. La société a encore un bout de chemin à faire. « Certains sont plus égaux que d'autres », comme disait Orwell. Fascinant et agréable à lire. Un sujet qui touche vraiment tout le monde!
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