L'étrange neveu de Wexford
Dublin. Années '80. Sonny a seize ans. Dans sa famille l'instruction est vue comme un passage pénible mais obligatoire en attendant l'élargissement vers la vie adulte, le boulot. Les temps sont durs. Sonny pourrait peut-être décrocher un apprentissage à la boucherie où il travaille quelques heures par semaine pour se faire de l'argent de poche. Déjà il a bataillé pour ne pas aller au lycée technique comme ses frères, non pas par amour des études mais pour éviter la violence et la brutalité. Son père est un peu maçon, un peu homme à tout faire, et beaucoup parieur qui jette l'argent. Sa mère est exaspérée mais impuissante. Un samedi Sonny aide son père à réparer le mur de jardin d'une maison dans un quartier aisé est c'est ainsi qu'il rencontre Vera...
Thème rebattu, l'initiation sexuelle d'un garçon par une femme de plus de 30 ans. Sharon, l'amie d'enfance et voisine de Sonny a déjà été 'initiée' par des hommes plus âgés sans plus de tralala que ça. L'auteur contourne le cliché, quand-même, grâce à l'évocation de différences de classe, de milieu, de repères, d'argent disponible (que Vera soit anglaise n'est pas très important, même si l'accent anglais déclenche souvent une réaction de méfiance, voire d'hostilité chez les Irlandais). On visite la maison de Vera avec la fraîcheur du regard de Sonny, candide mais lucide. Le titre original est 'Montpelier Parade', une rue de la banlieue huppée où habite Vera. Car ce qui changera, on le devine, la vie de Sonny c'est la rencontre avec le monde de Vera vu et confronté à travers son amour pour elle.
Comme Sonny, Sharon est plus intelligente, plus fine que son entourage. Quel sera sa trajectoire? Et si le titre était 'Vera et Sharon' ?
L'histoire est racontée à la deuxième personne, comme si le narrateur s'adresse à l'adolescent qu'il fut. C'est une histoire touchante et il y a un certain humour distancié, sombre mais sûr.