Berlin. Hiver 1929 . Il n'y a pas beaucoup d'actualité donc le journal publie un article qu'un des journalistes a gardé en réserve. Il y parle d'un chanteur, répondant au nom pittoresque de Käsebier, qui se produit dans un cabaret de quartier populaire. Peu de temps après, un Grand Écrivain signe un contrat pour une série d'articles sur Berlin. Il ne connaît pas la ville mais à 1000 marks l'article (à peu près le double du salaire mensuel d'un journaliste) pourquoi refuser? Un jeune homme aux dents longues lui passe l'article sur Käsebier. Le Grand Écrivain le lit, assiste au tour de chant et à son tour écrit un article élogieux. Et voilà, Käsebier est lancé, 'Käsebier conquiert le Kurfürstendamm'*, c'est à dire tout ce qui est chic, riche, donne le ton, décide.
Hommes d'affaires et mondaines, écrivains et banquiers, fabricants de jouets, photographes, réalisateurs de cinéma, sans oublier le bon peuple- on s'arrache Käsebier, si authentique, si populaire (bien sûr 'au bon sens du terme'), si berlinois . Mais le problème avec les coqueluches, c'est que leur espérance de vie est courte. Ceux qui veulent en profiter ont intérêt à le faire très vite...
Lors de la parution du livre en 1931, un critique dit que Tergit avait bien lu son Balzac. En effet, mais elle écrit avec le style rapide du 20° siècle. Ce roman, ancré dans son époque mais toujours d'actualité, est un grand plaisir de lecture.
*C'est le titre original.
Pour le Berlin de la même époque lire aussi 'Vers l'abîme' de Kästner. Et pour la grandeur et décadence d'une coqueluche (littéraire, cette fois) lire 'Les fruits d'or' de Sarraute.