Journal d'un corps
De sa naissance à sa mort, le narrateur de cette histoire a tenu un journal. Pas un journal intime mais celui de son corps. Ainsi, l'évocation des évènements quotidiens auxquels on peut s'attendre dans ce genre d'ouvrage (l'enfance, les premiers amours, la guerre, la naissance des enfants...) se fait uniquement d'un point de vue physiologique (le goût des tartines, la puberté, les petites et grandes maladies, les battements de coeur...). Très loin de la saga Malaussène (en dehors de son humour et de sa gouaille habituels), Daniel Pennac réalise un tour de force. Avec ce roman on ne peut plus nombriliste (au sens propre du terme), il parvient à toucher tout le monde. On se reconnait forcément dans les différents états qu'il décrit. On retrouve avec nostalgie les sensations de l'enfance, on rit, un peu nerveusement, devant certains tabous quasiment jamais évoqués dans la littérature et surtout on est ému de voir à quelle vitesse la vie de cet homme s'est ecoulé. On referme le livre un peu secoués, étonnés de ce qu'on y a déterré et surpris de ne pas s'être ennuyé un seul instant.