« Il faut se ressembler un peu pour se comprendre, mais il faut être un peu différent pour s'aimer. » Christophe Ono dit Biot aurait pu s'inspirer de cette maxime de Paul Géraldy pour dresser les caractéristiques du couple Paz/César car ils s'aiment et sont très différents. Mais loin de les rapprocher cette différence va les condamner. Lorsqu'il rencontre Paz pour la première fois au beau milieu d'une épicerie de quartier, César en tombe immédiatement amoureux. Après quelques recherches à son sujet, il apprend qu'elle a des origines hispaniques et qu'elle est photographe. Il décide alors de provoquer une deuxième rencontre qui aboutira à une longue histoire d'amour puis à la naissance de leur fils, Hector. C'est pour lui que César prend la plume aujourd'hui, afin de lui avouer qui était sa mère maintenant décédée ; Afin de lui raconter cette femme qu'il croyait connaître... Un roman fascinant, riche de sens et très érudit où le rôle de l'homme a pris celui de la femme. « De ta bouche minuscule, tu as cherché mon sein, mais je n'en avais pas. Tout le reste, je l'avais. Et je t'avais toi. »

Alors qu'il prend un bain de soleil sur son balcon, Ahmed sent couler le long de son visage quelques gouttes de sang... Il ouvre les yeux et découvre le massacre qui a eu lieu à l'étage au-dessus : sa voisine Laura a été sauvagement assassinée. Ancrée dans le Paris cosmopolite du 19e arrondissement, cette histoire offre une impressionnante galerie de personnages : des extrémistes musulmans aux intégristes juifs en passant par les fanatiques chrétiens ; Ils sont tous riches d'une culture, d'une foi et sont acteurs d'un scénario qu'ils auraient préféré ignorer. C'est à ce moment-là qu'arrivent les deux lieutenants : Rachel, la jolie juive et Jean, le Breton, pour enquêter sur la mort de Laura. Rapidement, ils découvrent que l'histoire abrite bien des malversations. Entre drogue, affaire de famille, témoins de Jehovah et flics pourris, cette affaire n'est pas prête de se régler. Pourtant, Karim Miské porte une conclusion à ce récit qu'il signe d'une main de maître. Des dialogues jovials, une veine satirique, le tout dans un style très littéraire. A tous les indécis du polar, ce livre est pour vous !

Alors qu'il se rend à la librairie dans laquelle il travaille, Laurent découvre posé sur une poubelle un sac à main. Bien trop neuf pour avoir été volontairement jeté là, il en conclut rapidement que c'est le résultat d'un vol à l'arraché. Pris d'une grande envie d'en découvrir davantage sur la détentrice de ce sac à main, il décide de mener l'enquête. Il y trouve différents souvenirs d'enfance, un parfum, du maquillage, un pendentif avec des hiéroglyphes mais aussi, et surtout, un carnet rouge dans lequel la femme livre toutes ses pensées intimes. De fil en aiguille, il se prend d'affection pour cette femme et cherche à retrouver son identité. Mais la tâche se révèle bien difficile... Antoine Laurain nous livre un roman agréable et réconfortant, comparable à une comédie romantique qui nous mène exactement au final attendu. Malheureusement, le scénario semble un peu trop simpliste et nettement moins pétillant que celui de son premier roman, « Le chapeau de Mitterrand ». Mais cela reste malgré tout, un livre agréable et distrayant !

Du fond de sa cellule, Thanh observe : « Des lambeaux de brouillard stagnent encore au-delà de la faille rocheuse, alors que les premiers rayons de soleil effleurent déjà la cime des arbres de ce-côté ci ». Jeune bagnard, condamné aux travaux forcés, il possède une sensibilité acérée. Rien de plus naturel, diraient certains, il est homosexuel. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il a décidé de fuir le cocon familial à l'âge de 16 ans, n'assumant pas sa sexualité. Il a plongé à corps perdu dans la vie vietnamienne, essayant de s'en sortir par lui-même. Mais un agneau seul, échappé de la bergerie, finit toujours par rencontrer le grand méchant loup... Thanh finira derrière les barreaux. Mais pour quelle raison ? A travers une peinture du Vietnam chargée d'émotions, de passions et de teintes nouvelles, Duong Thu Huong nous raconte le trouble d'un jeune homme, ses ardeurs et sa passion destructrice pour sa mère. L'auteur s'engouffre dans notre quotidien et retrace, à travers les souvenirs de Thanh, la destinée d'autres vietnamiens dans un roman à l'architecture puissante et au souffle intarissable. 800 pages de pur bonheur !

1970. C'est la guerre froide. Toute l'Islande est en effervescence. Le tournoi d'échec le plus important de l'année est en préparation. Les deux champions du monde vont entrer en scène, il s'agit de l'américain Bobby Fisher et du russe, Boris Spassky. Alors que les deux hommes s'affrontent, la guerre semble se jouer sur l'échiquier. Les pressions exercées par les deux parties sont fortes. Les Américains possèdent des bases militaires un peu partout dans le pays et l'URSS a développé un réseau d'espionnage puissant. Tous les regards sont tendus, braqués sur les deux hommes, comme si l'enjeu outrepassait la simple partie d’échec. Alors quand les journaux annoncent l'assassinat d'un jeune adolescent dans un cinéma de quartier, la nouvelle ne semble alerter personne. Pourtant elle devrait ! Un roman captivant qui vous plonge au coeur des ténèbres, dans une ambiance et une atmosphère opaque où agissent des personnages à la fois charismatiques et humains. Tout cela mené d'une main de maître.