La vie d'une jeune femme pendant les affres de la guerre découvrant dans un même élan les tumultes engendrés par la guerre et ceux provoqués par l'arrivée de George. « Un roman anglais » est un texte raffiné, tendre et plein de délicatesse, qui raconte un passage dramatique de l'histoire tout en réussissant à nous plonger dans l'atmosphère des romans anglais du XIXe siècle. Il retrace avec légèreté et poésie la vie intime de son héroïne à travers un long monologue intérieur qui n'est pas sans rappeler les romans de Virginia Woolf. Tout cela avec beaucoup de talent.

Comment ne pas craquer pour cette bande dessinée annonçant en couverture une nouvelle collaboration d'Eddy Simon & Camille Benyamina, déjà auteurs de la très remarquable BD « Violette Nozière » ? Et tout cela dans le but d'adapter un texte de Malika Ferdjoukh paru en 2011 aux éditions Flammarion ? Cette petite beauté graphique est tout à la fois intelligente, captivante et raffinée, offrant au lecteur une plongée dans un Paris sombre et mystérieux, s'y sentant tout de suite bienvenu, comme invité lui aussi à la soirée de Fran. Tout cela est renforcé par l'atmosphère si singulière aux romans de Malika Ferdjoukh, ici réinjectée par petites touches, grâce à une palette de couleurs chaudes et réconfortantes. Un vrai plaisir de lecture, mêlant intrigue policière et dénouement romanesque, qui ne vous laissera pas indifférent.

Lorsque son père lui propose de passer une semaine en Tasmanie afin de partager une randonnée avec un groupe de marcheurs et apprendre à mieux se connaître, Sophie ne voit pas le piège que son père lui tend. Elle accepte avec plaisir, espérant renouer le lien avec cette figure patriarcale qu'elle n'a que peu connue et par là-même blesser sa mère, qui n'a pas l'air de comprendre le bien fondé d'une telle expérience. Rapidement, les rôles que l'on croyait bien définis se trouvent perturbés et ceux qui pensaient se connaître vont être surpris. Un livre sur les êtres humains, tels qu'ils se voient, tels qu'ils aimeraient être, tels qu'ils ne sont pas... Un livre plein d'empathie, qui pose les bonnes questions et révèle au lecteur le ridicule de l'homme.

Aborder la première Guerre Mondiale par le biais d'un épisode peu connu, voilà l'entreprise menée avec habileté par l'écrivain Michael Morpurgo dans ce nouveau roman. En effet, l'auteur choisit de raconter à travers deux points de vue, celui d'un Anglais et d'une Américaine, le torpillage puis le naufrage du paquebot Lusitania qui s'est déroulé le 7 mai 1915. Il rend hommage à ce dramatique événement, mettant en scène bout à bout le destin d'une jeune fille qui se retrouvera bientôt liée de près ou de loin à ce drame. Souffrant de quelques longueurs et de quelques maladresses concernant l'enchaînement des événements – les passages historiques étant parfois mal incorporés à la narration- le texte reste néanmoins très intéressant et joliment rédigé.

Jean Rolin retrace le temps d'un court récit l'itinéraire qu'il a suivi lors de son voyage aux États-Unis au côté de la photographe Kate Barry (décédée en 2013) sur les traces de l'auteure irlandaise Flannery O'Connor. Véritable objet de deuil, il injecte par petites doses et presque inconsciemment, toute la douleur qu'il ressent suite à la disparition de la jeune femme. Bien qu'elle soit physiquement peu présente dans le récit, elle ne cesse d'imprégner chaque mot, chaque page au point que le lecteur s'en trouve gêné, touché mais mal à l'aise d'être le témoin d'une telle affliction. Et qu'il a du mal à s'imprégner totalement de l'histoire. Malgré tout, « Savannah » reste un livre intéressant à découvrir, qui laisse des traces mais qui reste très personnel.