Ils partent à sept faire un trek dans les montagnes d'Albanie. Ils reviendront en nombre réduit. Qu'a-t-il pu se passer entre le départ et l'arrivée ? Comment peut-on soudain basculer de la joie des vacances au début d'un cauchemar qui ne semble jamais finir ? L'auteur ponctue le récit de ces six voyageurs avec l'histoire de Mathias, sacrificateur en Albanie, qui offre des chèvres aux montagnes. Entre cérémonies de mariage et fêtes de naissance, sa vie semble toute tracée et pourtant son destin va lui aussi basculer. Mêlant angoisse et suspens, ce roman policier vous ôtera l'envie d'explorer des montagnes inconnues. Avides de sueurs froides et de légendes ancestrales, venez découvrir l'univers noir et impitoyable de Sandrine Collette.

Venez goûter au froid mongol et partez explorer les steppes en compagnie du célèbre Yeruldegger et de son acolyte Oyun. Ces vastes plaines recèlent plusieurs cadavres plus énigmatiques les uns que les autres. Nos deux inspecteurs vont devoir mener l'enquête chacun de leur côté, se heurtant à des trafics en tout genre. Mafia, violence et corruption sont au rendez-vous. Ce roman policier est un prétexte pour découvrir la Mongolie et sa culture ancestrale. C'est dépaysant à souhait. Ian Manook réussit avec brio à nous plonger dans un pays, inconnu pour beaucoup, éveillant notre curiosité, ce qui donne d'autant plus de force à cette histoire.

Premier roman d'Henning Mankell, les Daisy Sisters se lit comme une saga, commençant en 1941 et s'achevant en 1981. Grande fresque sociale, elle dénonce la condition des ouvriers de l'époque et le statut des femmes suédoises. Notre histoire commence à l'été 1941. Deux amies Elna et Vivi âgées de 17ans partent à vélo le long de la frontière norvégienne rejoindre un oncle dans le sud du pays. Leur voyage va être ponctué d'une rencontre avec des soldats qui se soldera par le viol d'Elna. A la suite de ce drame, celle-ci accouchera d'une petite Eivor. Mankell choisit de s'intéresser alors au destin de cette jeune fille. Nous la retrouvons en 1956 pour la suivre jusqu'en 1981. Elle quittera tôt le cocon familial pour travailler en ville, à l'usine. L'auteur peint ici le portrait d'une femme battante aux fortes envies d'indépendance mais malgré tout victime des hommes, de sa condition féminine et enfermée dans son rôle de mère. Il réussit avec brio à nous entraîner à travers le siècle et à partager la vie tumultueuse de ces femmes.

Les époux Arnolfini est l'un des mystères les plus célèbres de l'histoire de l'art. La représentation de ce jeune couple dans une chambre est attribué à Van Eyck, peintre flamand à la vie déjà bien mystérieuse. Les époux Arnolfini ont-ils existé ? S'agit-il d'un autoportrait du peintre et de sa femme ? Ou représente-t-il un couple adultère ? Les allégations vont bon train autour de cette représentation. Jean-Philippe Postel, médecin, utilise une méthode d'investigation proche de celle d'un enquêteur, pour tenter d'y répondre. A l'aide de documents d'époques, de comparatifs avec les toiles reconnues de Van Eyck et l'étude des symboles, il nous donne à regarder le tableau d'une autre manière jusque dans ces moindres détails. Le rendu est une étude à la logique implacable et la lecture rappelle un policier. Jean-Philippe Postel aurait-il résolu ce mystère multicentenaire ? Un véritable plaisir de lecture qui apprend aux novices à regarder un tableau pour le mieux le comprendre.

Paula Modershon-Becker est une jeune peintre allemande que l'on associe à la mouvance expressionniste. Avec Marie Darrieussecq l'on comprend l'extrême richesse et l'éclectisme de l’œuvre de Paula Becker, si bien qu'il est difficile de la réduire à un seul courant artistique. A l'aide de référence au journal intime de Paula et de sa correspondance avec Rilke qui fut un de ces intimes, l'auteure nous livre un portrait poétique. Tels de petits haïkus, elle nous dépeint la vie d'une jeune artiste brûlante de vie que seule sa peinture arrivait à faire vibrer. Elle nous donne aussi à voir la jeune femme insatisfaite, remplie de contractions désirant être là et ailleurs, tiraillée entre une vie de couple réglée et son besoin de liberté. C'est dans une ultime frénésie créative qu'elle réalise peu avant sa mort plusieurs centaines de toiles, préfigurant pour certaines le cubisme. Elle s'éteint à 31 ans des suites d'un accouchement difficile. Une vie fugace mais intense que Marie Darrieussecq réenchante avec son livre d'une grande sensibilité. Splendide.