Sympathy for the devil
Si la nature se distingue parfois par des accès de violence, à ce jeu-là, Jim Harrison lui préfère l'homme et en l’occurrence la famille Ames dans son dernier roman Pêchés capitaux. L'inspecteur Sunderson, retraité, n'aspire qu'à profiter de la vie en s'installant dans un bungalow de pêche au Michigan. Il ne s'est jamais remis du départ de sa femme, qu'il côtoie encore, et lutte avec ses vieux démons (l'alcool, le remord). Mais la proximité d'une famille de tarés va bousculer ses habitudes. En toute impunité, ses voisins, les Ames, violent, tuent, saccagent, menacent, tabassent et outrepassent les interdits comme s'il s'agissait d'un concours. Seules les femmes du clan semblent échapper à cette filiation avec le Mal et endurent ce qu'elles peuvent. Jusqu'à ce que l'une d'elles, dont s'est éprise le brave Sunderson, soit tuée. Dès lors, et bien que d'abord hésitant, Sunderson va s'ériger en rédempteur. Mais peut-on redresser les torts quand on est soi-même en infraction avec la morale? Jim Harrison ausculte le désir (masculin) et son emprise sur nos actes. Et si tout, finalement, ne se résumait qu'à la question de la résistance ou l'abdication face à nos pulsions?