Jeu de Dames est incontestablement un livre étrange, composé de deux parties qui semblent presque indépendantes entre elles, qui ne se répondent pas vraiment.
La première est le portrait inquiétant d’un gynécologue : il est riche, a du succès, s’habille jeune, couche avec des dizaines de prostituées et a très probablement assassiné son fils d’une surdose de calmant.
La seconde est le récit d’un enfant, récit qui a peut-être des liens avec la première partie (notre gynécologue se dit très affecté par le récit de cet enfant) mais peut-être pas.
Dans les deux cas, Bellatin demeure très elliptique : il n’explique rien, laisse le lecteur combler seul les vides du roman. Le résultat est particulièrement inquiétant, car sous les apparences lisses et propres de la meilleure bourgeoisie (de Mexico, semble-t-il), on devine que se cachent la folie et toutes sortes de dérèglements, y compris le meurtre.
Après le succès critique de Salon de beauté en 2000, Jeu de Dames devrait venir confirmer la place de Mario Bellatin en France en tant que créateur de mondes d’une rare et fascinante intensité.