Chair et soleil, prix Apollinaire 1961, a vallu à Jean Breton la réputation d'être un élégiaque inavoué, un " Musset en blue-jeans ". C'était le livre de bord d'un adolescent rêveu et révolté. " Sudiste, dira Jean Joubert, Jean Breton l'est jusqu'au bout des ongles, dans sa fougue, ses outrances et ses soudaines tristesses. " Le plaisir et la santé physique ne s'en dégageaient pas moins du poème.
L'Été des corps, en 1966, surprit par sa violence, sa sincérité presque insoutenable. " L'art de la confession a été rarement utilisé avec une telle brutalité, a écrit Yves Martin. Musset, mais avec un soleil noir au-dessus de la tête. Quelques années avant 1968, c'était un constat amer sur notre société hiérarchisée, entre sa sueur, son salaire et ses interdits. " Le poète interprète le malaise de la jeunesse tout en nous livrant son vécu " tel quel, sans dépouilles. Tout cela nouveau ! simplement nouveau " (Joseph Delteil). Il secoue l'arbre de la société par ses racines et ses tabous. " Il y a là des paroles à marcher, à courir, à jouer, à poignarder " (Alain Bosquet). L'érotisme était enfin accepté dans une œuvre poétiques sasn vulgarité ni perversité.
" Vingt ans après, L'Été des corps demeure l'un des livres les plus paroxystiques de sa génération. Une ampleur d'autant plus rare que l'écriture en est rigoureuse, est tout le contraire du bâclage - danger du lyrique - est peaufinée, presque léchée " (Guy Chambelland). Eugène Guillevic a pu " saluer Jean Breton, le généreux, un poète que j'aime. Il me donne à voir, à toucher les choses de notre univers quotidien. Tout vit dans son œuvre, y vibre, s'approche, s'accorde, se passionne. Ici, signifiant et signifié s'aboutonnent. Une poésie où vivre. " (Possibles.)
La réédition de ces deux ouvrages, avec des corrections et un inédit, s'ouvre sur une double préface qui éclaire l'histoire de la génération née dans les années 30.
Jean Breton, anthologiste et critiquee, animateur de la revue Poésie 1, a publié, depuis, Vacarme au secret et L'Équilibre en flammes.