«L'ethos, mémoire autobiographique de l’homme de science» est le thème traité
dans ce sixième numéro de Mnemosyne o la costruzione del senso. On y trouvera
des articles sur des autobiographies de scientifiques – surtout
mathématiciens, physiciens, naturalistes –, qui utilisent d’habitude des codes
de communication très sectoriels, iconographiques ou écrits, dans leur
profession.
Le mot 'science’ nous réfère d'emblée à un domaine où l’application rigoureuse
d’une méthodologie vise à trouver des récurrences dont les applications
s’avèrent démontrables et reproductibles. Dans un essai célèbre2, Roland
Barthes distingue les ‘écrivants’ des ‘écrivains’: pour les premiers, le
langage est un véhicule; pour les seconds, le style est un but en soi et pour
soi. Dans tous les essais qui sont publiés ici, la distinction barthienne
s’avère très faible: on percevra dans tous ces récits une rhétorique, la
recherche d’une façon de transmettre, de communiquer l’intrication entre
oeuvre et vie, entre leurs découvertes et leur vie privée. Le terme ‘beauté’ y
est en outre très récurrent. Voir entre autres l’article d’Alessio Porretta
sur _A mathematician’s apology_ de G. H. Hardy, qui n'était pas par hasard
l'ami de Charles P. Snow, auteur de _The Two Cultures_ (1959).