Etonnant roman, d'une grande modernité, alors qu'il a été écrit en 1933 ! Certes on y retrouve par moment, et c'est un pur plaisir, le Tristan Bernard aux aphorismes d'une ironie souveraine ("Sous prétexte qu'ils ont la vie devant eux, les hommes vivent au jour le jour"). Mais le plus souvent, c'est un autre Tristan Bernard qui se révèle et fait penser à Dostoïevski par sa peinture du meurtrier et de l'usurier, à Simenon par le climat à la fois triste et sensuel du récit et, enfin, au Camus de l4etranger, par la création d'un personnage distancié, éloigné de ses propres actions et regardant la vie comme au travers une vitre. Alors qu'il peut parfois évoquer un passé révolu,, la France des années 30, ce livre a les résonances les plus contemporaines.