Sait-on qu’un énarque peut être aussi coureur cycliste, ou presque… ? Haut fonctionnaire, ayant occupé de multiples postes de responsabilité en métropole et à l’étranger au service de l’expansion économique française, Marcel Galopin nous ouvre les portes de son jardin secret et nous y enferme, aux prises avec une folle passion « proprement inexplicable, incongrue, contre nature », celle de la bicyclette. Non pas celle des pédaleurs du dimanche mais des forcenés de la route, perpétuellement en quête de l’impossible exploit « au prix de mille morts et au gré de mille jouissances ». L’auteur nous entraîne, avec un enthousiasme communicatif, sur un parcours haletant, d’un bout à l’autre de l’Hexagone et sur les routes d’Angleterre et d’Amérique – sorte d’Odyssée vélocipédique traitée avec une pointe d’humour qui n’est pas sans rappeler « Trois hommes dans un bateau ». Car notre homme ne gagne jamais de course mais, à défaut de victoire, il collectionne les anecdotes et projette un regard naïf - l’est-il vraiment ? – sur lui-même et sur le monde, celui du cyclisme des néophytes, des amateurs et des professionnels avec lequel il flirte. Saura-t-on en définitive ce qui le fait courir ? « Le refus libérateur du rythme du siècle ou la joie rude de l’effort sans artifice » ? Une clé « pour la vraie possession du monde » ? Au lecteur d’en décider. A travers cet autoportrait d’un anti-champion, on découvrira l’univers du vélo, vu autrement et se reconnaîtront tout à la fois ces fous pédalant sur leurs merveilleuses machines, les sexagénaires nostalgiques de temps plus virils et d’exploits qu’ils auraient pu réaliser et tous les rebelles au conditionnement social qui ont trouvé la grâce dans une passion solitaire.