Hugues Didier (né en 1942) évoque ici ses années d'enseignement à l'université d'Oran, consacrées à initier à la connaissance de l'Europe ses étudiants de plus en plus arabisés ou islamisés, ce qui l'amène à explorer les relations entre les trois religions abrahamiques, en empathie avec les musulmans. Avec son évêque Henri Teissier (1929-2020), il participe aussi à un dialogue islamo-chrétien, axé sur une audacieuse entreprise : amener l'Église catholique à reconnaître la qualité de prophète à Mu ammad et créer l'harmonie entre les deux religions. Tout comme le dessein politique de Charles de Gaulle évoqué ici - abolir tout lien substantiel entre l'Algérie et la France -, celui d'instaurer cette concorde interreligieuse semble s'être soldé par un échec.
Pour en faciliter la lecture, des explications historiques ou théologiques ponctuent ce récit.

Né en 1942, Hugues Didier vit une enfance heureuse dans une famille catholique et résistante qui vénère autant Pie XII que Charles de Gaulle. L'auteur a 20 ans en 1962 : année de l'indépendance algérienne, de l'angoissante crise de Cuba, et de l'ouverture du concile de Vatican II. Après sa thèse consacrée à un penseur jésuite espagnol du XVIIe siècle, il devient professeur, en 1974, à l'Université d'Oran dans le cadre de la coopération franco-algérienne. En 1991, nommé à l'Université Jean Moulin Lyon III, il quitte l'Algérie où la guerre civile est déclenchée par les islamistes du FIS. Engagé dans un groupe de dialogue islamo-chrétien par Mgr Henri Teissier, très investi dans l'approche empathique de l'islam, il consacre surtout ses recherches aux missions jésuites en Asie, notamment celle invitée, par esprit de curiosité, par le souverain indo-musulman Akbar (XVIe siècle), dévot d'Ibn Arabi.