Cette étude met en lumière la différence hénologique chez Plotin, c’est-à-dire une disjonction entre l’être et l’Un, permettant le laisser-être du monde dans sa plus riche multiplicité, tout en le préservant de la contingence totale, de l’effritement dans le néant. Par l’articulation des concepts de liberté et de nécessité au sein de toutes les réalités, la pensée de Plotin propose une métaphysique et une physique antéphénoménale, avant le phénomène. Apparaît une terra incognita, sommet spéculatif qui donne assise et fondation au monde et délivre de l’hégémonie de la substance et de la toute-puissance des phénomènes qui n’en sont que la conséquence. La fin de cet essai propose le concept de non-événement, le kairos plotinien, comme alternative à la dissolution dans l’être, et même à la mort de l’être : offrant une assise, une constante, un soubassement à l’existence, il libère celle-ci de la pesanteur et du conglomérat de l’unitotalité impliqués dans la différence ontologique. En même temps, le non-événement conditionne tous les événements dans le champ de l’être.