Comment se fait-il qu’il ait fallu attendre 1980 pour voir la première femme entrer à l’Académie française ? Alors qu’à sa fondation, en 1636, rien ne spécifiait que les femmes en fussent exclues ?De toutes les injustices dont le sexe féminin - à la fois "beau sexe" et "sexe faible" - a été victime depuis une dizaine de siècles, c’est sans doute la plus inique ; car s’il est un domaine où la femme a tenu sa place, c’est bien celui de la création littéraire. Et pas seulement celui de l’inspiration où on l’a cantonnée en tant que muse ou égérie.Il importe de la réhabiliter, en montrant qu’au cours des siècles passés, ce ne sont pas seulement les écrivains (hommes) "qui ont fait la France" mais celles qu’on appelle aujourd’hui les "écrivaines" : longtemps oubliées des manuels scolaires (à cinq ou six exceptions près), elles ont contribué non seulement au prestige de la littérature française mais à l’évolution de la politique et des mœurs du pays.Si chaque lettre est bien sûr personnalisée, l’ensemble est d’une rigoureuse unité, non seulement par la progression chronologique, par la thématique commune, par des références toujours pertinentes au contexte littéraire et politique, à la situation des femmes de l’époque considérée, mais par un jeu permanent de renvois de l’une à l’autre comme autant de ponts les reliant naturellement.Daniel Plaisance - l’Éclaireur du Gâtinais