August Sander (1876-1964) compte parmi les grands photographes de portrait du début du XXe siècle. Son oeuvre, qui fut admirée d'emblée par des contemporains comme Alfred Dôblin, Walter Benjamin ou Waiker Evans, a influencé plusieurs générations de jeunes photographes, des deux côtés de l'Atlantique, et continue d'agir aujourd'hui encore - grâce à Bernd et Hilla Becher.
Après ses années d'apprentissage et de voyages, Sander, qui a vu le jour à Herdorf dans le Westerwald, ouvre son premier studio photographique à Linz, en Autriche, en 1902. En 1910, il s'établit à Cologne et entame le projet monumental qui allait l'occuper toute sa vie, Hommes du XXe siècle, dont il présente des extraits en 1929, sous la forme d'un livre intitulé Visage d'une époque. Persécuté par les nazis, il se voue principalement, dans les années 1930, aux études de nature et de paysage, qui ont tenu dès le départ une place de première importance dans sa pensée globaliste et dans son oeuvre. Après la guerre, Sander a été redécouvert par sa participation à la fameuse exposition « The Family of Man » présentée par Edward Steichen au Museum of Modern Art de New York en 1955.
Ce « petit » manuel August Sander est publié à l'occasion d'une exposition que l'illustre Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris accueille dans ses murs. Y sont montrés presque exclusivement des tirages d'époque, qui ont également servi de base à l'impression des photographies de ce livre. Aux côtés des célèbres portraits de Sander, on pourra aussi admirer ici ses paysages rhénans et ses vues de nature datant des années 1930, qui restent encore relativement méconnus, en dépit de leur fascinant attrait.
Un texte d'August Sander lui-même, inédit jusqu'ici, accompagne les images: « La photographie, langage universel », une des six conférences radiophoniques sur « l'essence et le devenir de la photographie « que Sander a données en 1931 sur les ondes du Westdeutscher Rundfunk.