Aujourd'hui largement oublié, Louis Gillet fût, durant l'entre-deux-guerres, un personnage reconnu et célébré du monde culturel parisien. Critique et historien de l'art, académicien élu en 1935, ce conservateur " bon teint " était réputé pour son érudition, ses goûts d'esthète, son esprit, sa capacité à humer l'air du temps. Journaliste, il se rend en Allemagne nazie pour de nombreux reportages; pour le journal " Gringoire " il couvre les jeux olympiques de 1936. A Berlin, son oeil pourtant si acéré ne veut voir que ce qu'on lui montre ... ses papiers ne retiennent que "la pompe et les flonflons" de la propagande nazie. A travers ce portrait brillant, complet et nuancé, Jérôme Prieur montre que, face à la barbarie, la petitesse, la désarroi, la frousse condamnent l'homme commun -si cultivé soit-il - à naviguer entre le repli " la honte et le lâche soulagement ". Ainsi, malgré sa méfiance et ses réserves réelles contre le régime hitlérien, Louis Gillet, souvent insaisissable, se rallie à " la France rabougrie du Maréchal Pétain"... avant d'hésiter...

Cet ouvrage nous présente des groupes mixtes de la haute société britannique, politiques, artistes, esthètes. Ils ont remué les bases de l'aristocratie et de la grande bourgeoisie. Ils vont jusqu'à vivre en couples échangés, homosexuels, lesbiennes, mariés/iées ou non, grande liberté de ton, de moeurs, sans équivalent à cette époque. Certains sont très célèbres comme Churchill, Virginia Woolf et sa soeur Vanessa Bell, Somerset Maugham, Louis et Edwina Mountbatten, les soeurs Mitford mais d'autres plus méconnus. Essai réjouissant sur ces groupes littéraires, ces familles, couples ou personnages dont l'excentricité est une vertu dans l'Angleterre du XXème siècle.

Encore une fois Caroll Oates nous embarque dans une enquête et un secret familial palpitant qui marque bien le regard acerbe qu'elle porte sur la société américaine. Un roman à suspens doublé d'une prouesse d'écriture! L'autrice cherche à nous perdre comme la mémoire se perd et se confond. Une exploration en eau profonde des travers humains et des secrets les plus sombres que peut cacher l'esprit...

Tara Selter se retrouve piégée dans le 18 Novembre. C'est ainsi que se profile cette série d'atmosphère poétique et douce. La saga nous propose une recherche puissante sur la poursuite du temps et la routine, parfois presque philosophique. Ce roman nous emportent dans un portrait de femme contemplatif. C'est un immense coup de cœur pour la plume de l'autrice qui nous berce et nous transporte dans cet étrange quotidien figé et pourtant en constante mouvance. Un vrai chef-d’œuvre à mettre entre toutes les mains.

Excellent roman sur l'écriture et le monde du livre, par une jeune auteure qui a déjà largement fait ses preuves (La Guerre du Pavot, Babel). Yellowface est également un très bon thriller et une critique sociale qui invite au débat sur le travail éditorial, l'appropriation culturelle, le racisme, l'identité et les réseaux sociaux. Kuang tient ses lecteurs en haleine du début à la fin !