Henri Calet était journaliste, notamment à Combat. Après-guerre, pour le Parisien Libéré, il a produit plusieurs portraits consacrés au petit Peuple de Paris, à ces hommes et femmes des classes populaires que l'on rencontre "près des bouches de métro, sur les escaliers des gares, aux marchés, dans les stades, aux carrefours, aux portes d'usine, sur les plates-formes des autobus, dans les trains de grande et de petite banlieue." Ces chroniques sont réunies dans le recueil Les deux bouts, dont le titre dit bien le thème principal.
Ce qui frappe d'emblée c'est sans conteste la bienveillance et l'humanité dont Henri Calet fait preuve. Avec une langue économe, allant au plus juste, il s'abstient de tout jugement, refuse la caricature ou le cynisme, évoque les métiers, les joies et les peines de ses sujets avec beaucoup d'empathie. Et c'est sans doute pour cela que le recueil est si émouvant.
Lire ces chroniques aujourd'hui c'est s'exposer à une double nostalgie : nostalgie d'un Paris populaire qui n'existe (presque) plus et nostalgie d'une presse qui savait encore parler des gens d'en bas avec bienveillance.