Les tentures et tapisseries ont orné et réchauffé les murs froids et nus des châteaux depuis le Moyen Âge. Outre leur fonction décorative, elles contribuaient au prestige dans les milieux princiers, nobles, mais aussi bourgeois, en étalant la richesse et la puissance de leurs propriétaires. Véritables narrations tissées, les tapisseries constituaient un objet irremplaçable pour meubler les demeures successives d’une société itinérante. Avec l’industrialisation au XIXe siècle, la décoration d’intérieur prend de l’importance et devient plus accessible. Le fossé se creuse alors entre les beaux-arts et l’artisanat d’art, au point que la tapisserie est reléguée à une technique savante dont les oeuvres peinent à s’émanciper de la peinture. C’est au XXe siècle que celle-ci trouvera un nouvel essor grâce à Jean Lurçat auquel on attribue la renaissance de la tapisserie, et à l’intérêt que de nombreux artistes portent à cette technique, comme Braque, Matisse, Léger… Certains se forment au savoir-faire et réalisent eux-mêmes leurs créations, d’autres créent les cartons et collaborent étroitement avec un artisan lissier. Aujourd’hui les lissiers se concentrent autour des grandes manufactures nationales : les Gobelins (haute-lisse) et Beauvais (basse-lisse) rattachées à l’administration du Mobilier national, et à proximité de la cité internationale de la tapisserie et de l’art tissé à Aubusson. Qu’en est-il de la tapisserie dans la création actuelle ? Le métier de lissier attire-t-il les nouvelles générations ? C’est cette histoire que se propose d’explorer ce numéro de la revue 303 arts, recherches, créations, à travers les richesses patrimoniales de la région Pays de la Loire et les enjeux de cette technique dans la création contemporaine.