Encore un Philip Kerr de très bonne facture et quel plaisir de retrouver notre héros, plus désabusé et torturé que jamais : Bernhard Gunther.
De retour du front de l’est, Bernie, très affecté reprend son poste d’enquêteur au département de la Kripo. Fidèle à lui-même, il se lance à corps perdu dans le travail, tentant d’oublier les horreurs du Front. Mais en 1942, il est appelé à Prague par le Général SS Reynhard Heydrich, fraichement promu nouveau Reichsprotektor de Bohème-Moravie. Homme de poigne, sans pitié et sans état d’âme, c’est aussi un homme qui ne compte plus ses ennemis même au sein du parti nazi. Quelqu’un a tenté de l’empoisonner. Voilà pourquoi il fait appel au talent de Bernie dont il ne doute pas de l’efficacité. Mais à peine arrivé, la tâche se complique. Un des quatre assistants du général est assassiné dans sa chambre, porte close, fenêtre close. L’ambiance se tend, et au fur et à mesure que l’enquête se déploie, l’énigme s’épaissit : que se cache-t-il réellement derrière ce crime : un attentat raté de la Résistante tchèque contre le général, un règlement de compte entre officiers allemands, une chasse à l’homme contre un agent double. ? Très habilement menée, cette nouvelle enquête de Bernie permet surtout à Philip Keer de dresser un portrait au vitriol des hauts dirigeants nazis présents en Bohème-Moravie en 1942. Suffisants, vils, cruels, se roulant dans la luxure, manquant de rien alors que le peuple allemand manque de tout, ces « choux-fleurs » sont surtout des hommes préoccupés par eux-mêmes et leurs carrières. Véritable énigme en chambre close à la Agatha Christie, le dernier Philip Kerr est une petite pépite.