Les raisons qui poussent deux personnages à se rencontrer sur une scène sont obscures. Il n'est même pas certain qu'ils aient quelque chose à se dire. Et cependant une fatalité les conduit, contre laquelle ils ne peuvent rien. Celui que l'on tenait pour responsable d'une telle fatalité, c'était l'auteur dramatique. Mais qui est vraiment responsable ? Et de quoi ? Alors pourquoi l'auteur dramatique à son tour ne déclinerait-il pas toute responsabilité ? Est-ce sa faute, après tout, s'il y a des gens qui s'agitent à propos de choses aussi dérisoires, par exemple, que le pouvoir et l'exercice du pouvoir ? Et s'il y a (s'il y aura) en 2069 des jeunes filles (hélas ! il ne les connaîtra pas) pour lesquelles ce sera un problème que de faire l'amour avec un Martien ? Ou si une illumination lui a révélé qu'en vérité Notre Seigneur est mort crucifié sur le Golgotha de la Publicité ?... Tout au plus plaiderait-il coupable (mais avec joie) quant à son faible pour les propos ineptes, les plaisanteries lubriques, les chansons de patronage (mon vieux Benolt, vous avez le bonjour de José-Pierre !). Car se sont encore des paroles à l'heure où le théâtre d'avant-garde redécouvre le cinéma muet...