« C’est l’histoire d’un jeune homme qui poursuit son éducation à Paris. Son
métro, c’est Glacière, sur la 6, une ligne aérienne. Une fois par semaine environ,
pendant près d’une année, il rencontre dans les escaliers de la station l’homme
qu’il admire le plus au monde. En lui-même, il l’appelle son Maître, son
Instituteur, rapport aux mots, à la littérature qui ne sont pas, pour le disciple
une mince affaire. C’est à ses yeux le plus grand écrivain du temps et il est
bouleversé quand il le croise en personne. Pourtant il est incapable de lui
adresser la moindre parole, ne serait-ce que pour lui demander l’heure.
Allez, cet Irlandais, on peut bien le nommer. Son prénom, c’est Sam. Son nom
entier, Samuel Beckett. »
Dans ce roman enlevé, un peu loufoque comme son narrateur, Gaby, jeune garçon empêtré dans sa
timidité et son admiration pour "le grand touareg irlandais", construit au fil des semaines d’une
année de sa vie les mille et une variations d’une première rencontre avec Samuel Beckett.
Aucune de ces rencontres fantasmées ne se réalisera mais un lien imaginaire se tisse, une filiation
choisie pour entrer en littérature et dans l’âge adulte.
«Chaque rencontre est comme un ante coïtum raté et un post coïtum réussi,
c’est-à-dire forcément triste ».
Puissamment évocateur, le récit fait naître beaucoup d’images : le temple en fonte du métro de la
station Glacière ; la grande silhouette de rapace de l’écrivain irlandais, l’Irlande, des enfants
africains sur le boulevard….
On y croise Nancy Huston au Luxembourg, Maïakovski dans les discussions passionnées avec un
professeur, papa et les cycles Sordello, le bon Samaritain qui va à Jéricho, une serveuse à la
gouaille parisienne, et bien d’autres choses encore…