Brillant!!
Joann Sfar invoque les personnages de l'Histoire autant que ceux de son histoire, ceux qu'il a façonnés et qui l'ont façonné en retour, il invoque la figure paternelle, modèle fascinant pétri de contradictions. Et puis, bien sûr, il invoque ou convoque Celui qui est en haut, ou plutôt Celui qui n'y est pas.
Il nous raconte avec un humour tendre et ravageur qu'il préférait faire agent de sécurité devant la synagogue, même sous la pluie, plutôt que d'être à l'intérieur.
Il nous raconte un jeune Joann avec de l'énergie à revendre, mais personne en face pour en découdre à part une haine omniprésente qui ne cesse de grandir.
J'aime les histoires bien construites, avec de la profondeur, les chemins de traverse, j'aime le verbe juste et le dialogue presque mystique qui s'instaure entre l'auteur et le lecteur. J'aime le dessin quand il vit, qu'il donne la vie en deux traits trois mouvements, et que chaque case raconte une histoire. Il y a tout ça dans la Synagogue, et bien plus encore.
J'ai tout aimé si fort, jusqu'aux archives en fin d'ouvrage que d'habitude je ne survole même pas.
A travers le récit de son enfance et de son adolescence, Joann Sfar nous délivre une arme puissante contre la haine et l'antisémitisme. C'est intime et pourtant si universel.
L'année n'est pas encore terminée, mais je peux d'ores et déjà dire, qu'il s'agit de ma BD de l'année.
Brillant, bouleversant et si intelligent.