La mort au crépuscule
Si William Gay était conteur, nulle doute que l'on trouverait dans son corpus "Le Petit chaperon rouge" car dans ce très beau thriller réédité aujourd'hui dans sa version poche chez Folio, le lecteur plonge au coeur d'un univers cruel hanté par les ténèbres que n'auraient pas renié Perrault ou les frères Grimm. Ou Wes Craven, si d'aventure le maître de l'épouvante au cinéma se munissait d'une plume. Si les oiseaux se cachent pour mourir, Kenneth Tyler, lui, le fait pour survivre. Dans la forêt du Harrikin, au fin fond du Tennessee, le jeune homme erre à la recherche d'une issue à son calvaire, poursuivi par Sutter, un dangereux psychopathe payé par le croque-mort Fenton Breece dont Tyler et sa soeur ont découvert le terrible secret. S'ensuit donc un récit haletant dominé par la description d'une végétation belle et inquiétante qui a repris ses droits, et d'où émergent parfois des personnages d'illuminés de passage, perclus de folie, bouffis de solitude ou rendus âpres par la misère. Wiliam Gay a remporté deux prix littéraires amplement mérités avec cette oeuvre lugubre, angoissante et stylistiquement maîtrisée.