Au fil du temps, Marceline Loridan-Ivens était devenue une légende. C’était la jeune fille de Birkenau, filmée place de la Concorde par Jean Rouch et Edgar Morin, demandant : Et vous, êtes-vous heureux ? C’était la petite femme aux cheveux rouges, aux mille talents, pleine de vie. La combattante, la grande gueule, comme elle aimait à dire. La rescapée, recevant rue des Saints-Pères intellectuels, amis, chanteuses, admirateurs du monde entier. Et c’était une femme libre, corps et idées, parfois provocatrice, toujours tendre, aimant la nuit et l’amour. Aujourd’hui, sa voix célèbre, traversée par le rire et la blessure jamais éteinte, nous est rendue: dans ces pages merveilleuses de vérité, Marceline est présente.
Elle s’était confiée longuement à son ami François Busnel – cinq heures d’entretiens diffusés en 2012 sur France Inter : nous les restituons telles quelles. 140 pages qui alternent récit, rencontres, méditation, combat contre l’oubli. L’enfance à Bollène. La vie au camp, dans son horreur. Le système concentrationnaire. Le Paris des années 50 et 60, bientôt traversé par la fête, le jazz, le cinéma. Les combats politiques et féministes. Le cinéma. En confiance, comprise et écoutée, Marceline se livre ; ose ; et d’une voix nette, s’assied avec nous, lançant, comme son double Anouk Aimée dans son film La petite prairie aux bouleaux : « Je suis vivante, je suis vivante ! »