Il faut bien la grandeur et la majesté de ce canyon des Rocheuses à ces trois personnages pour accueillir leurs passés indicibles et douloureux. Le hasard de leur parcours les a réuni et la grandeur de leurs blessures les rend silencieux mais au bord du précipice, une solide amitié faite de partages et d'apprentissages nait face à cet immense paysage. Une tension émane en permance de l'écriture de Ron Carlson, tension intérieure propre aux personnages et tension des lieux fantastiquement mis en scène.

En mêlant étroitement données historiques et fiction, l'auteur, Michiel Heyns, recrée la société de Rye, petite ville anglaise où gravitent les amis d'Henry James, Edith Wharton et Morton Fullerton, de jeunes admirateurs mais surtout sa dactylographe, Frieda Wroth, narratrice de l'histoire. De dîners mondains en séances de dictée et d'écriture automatique, de correspondances mystérieuses en discours de suffragettes, le lecteur plonge dans l'ambiance « so british » du début du XXe siècle. Avis donc aux amateurs d'Henry James et de littérature anglaise!

L'été de 1816, un an depuis Waterloo:l'Europe est encore sonnée après plus de 20 années de guerre mais IL est parti, définitivement cette fois. Madame de Staël peut se déplacer comme elle veut.Elle va passer quelques mois à Coppet, où elle organise une représentation de "La mort de César" de Voltaire, l'immortel dramaturge. L'auteur s'amuse avec des "néologismes" crânement assumés par la narratrice, qui parle de "briefing", de "résistante" etc. Elle est tellement en avance sur son temps qu'elle cite Mark Twain sans le nommer ("un Américain, je crois"). Mais l'ambiance politique est devenue inquiétante... Un roman historique original et amusant qui donne envie de (re)faire connaissance avec cette femme extraordinaire.

Comme dans son précédent livre, "Les lieux sombres", Gillian Flynn maîtrise à merveille les faux semblants et les pistes biaisées. Ce qui commence comme un roman sentimental à la limite du frivole, évolue pour devenir un captivant thriller psychologique où chaque détail compte, où chaque action, chaque parole prononcée, a un double sens et sert à faire avancer l'intrigue. On se laisse happer par les péripéties de ce couple imprévisible, à tel point qu'il est difficile de refermer le livre avant de connaître le surprenant fin mot de l'histoire. Terriblement efficace.

Un magnifique roman aux thèmes aussi nombreux que maîtrisés: la violence, la rédemption, la recherche de ses racines... A travers les personnages de Travis et Léonard, Ron Rash fait le récit touchant de deux solitudes qui s'apprivoisent. Mais il dresse aussi le portrait d'une Amérique profonde aussi belle que dangeureuse, à l'image de la nature (omniprésente au long de l'histoire) et de sa population : impitoyables, engoncés dans leurs à prioris et leurs traditions, les habitants de Shelton Laurel sont fascinants de complexité. Aussi noir qu'émouvant ce livre est une franche réussite.