Elliott et Clarence sont demi-frères avec pour point commun d'être nés sous une mauvaise étoile. Orphelins de bonne heure, ils sont placés dans un centre de correction où ils attendent tant bien que mal leur majorité pour en sortir et enfin vivre heureux. Mais leur mauvaise étoile les poursuit et va les mettre sur le chemin de Earl Sheridan, condamné à mort pour avoir tué sa compagne. Il est en route pour la prison où il doit se faire exécuter quand une tempête les oblige à s'arrêter dans le centre des deux garçons. Quelques heures après son arrivée, il réussi à s'évader en prenant en otage les deux frères. Commence alors une véritable chasse à l'homme haletante et sanglante. Roman noir, psychologique, poignant. Du grand art.

Quatre récits signés Thomas Bernhard, témoignant chacun de la maitrise stylistique et de l'humour implacable de l'auteur autrichien. Mention spéciale au premier texte, qui donne son titre au recueil, dans lequel l'écrivain croque Goethe sur son lit de mort, obsédé par la venue de Wittgenstein à son chevet. Cet adoubement qui n'aura jamais lieu est patiemment fantasmé par Bernhard ; il confie la narration aux fidèles écuyers de Goethe qui, sa dernière heure arrivant, se disputent avec plus de mesquinerie que jamais le titre de favori. Bernhard livre en définitive un récit sophistiqué au comique irrésistible.

Outre les qualités indéniables de l'objet en lui-même (au design aussi léché que celui de "L'homme qui savait la langue des serpents", publié en février), "Les aventures d'un romancier atonal" séduisent par leur surréalisme virtuose : aux hallucinations que l'écrivain raté subit à chaque entrevue avec sa maitresse de pension répond le délire généralisé de son propre texte, geste rabelaisienne brassant toutes les époques et toutes les cultures dans un pandémonium d'engins futuristes, de ptérodactyles apprivoisés et de tsars musulmans... L'initiative des éditions Attila introduit enfin le lectorat français à l'oeuvre semble-t-il hors norme de l'écrivain argentin Alberto Laiseca. Les illustrations sont signées Helkarava (http://helkarava.com/).

Qu'il est difficile de sortir de ce livre! Pour deux raisons majeures dont la première est qu'une fois installé, on a envie que la lecture dure encore un peu. La seconde tient aux procédés littéraires que Ken Kesey utilise. Il est vrai que ce n'est pas un roman dit facile. Il faut rentrer dans la rythmique et dans les visions que ce livre impose. Empli de bruits et de fureurs, le lecteur sort sonné mais veut rester, encore un peu, au cœur d'un chef-d’œuvre...

Une première et excellente biographie en français sur Joukov, le seul homme qui dans le système stalinien pouvait tenir tête au grand patron Staline voire critiquer son action. Jean Lopez reprend l'ensemble de la carrière de Joukov et permet de saisir les ressorts qui lui ont permis d'abattre Hitler, de tenir au bord du gouffre pendant l'opération Barbarossa et de résister à la toute puissance de Staline.