Skios est île grecque qui abrite la célèbre Fred Topler Foundation. Le fondateur n'est plus de ce monde mais sa veuve continue sa mission: défendre la culture et le savoir. Comment, exactement, c'est un peu vague. Mais en tout cas on organise chaque année une Grande Conférence prononcée par une sommité, du calibre d'un futur Prix Nobel. Mme Topler est épaulée par son ami grec, l'homme d'affaires Papadopoulou, mais depuis quelques années c'est Nikki, Anglaise efficace et discrète, et qu'on devine d'excellente famille, qui s'occupe de presque tout. Les visiteurs sont en majorité Américains, avec une pincée de Britanniques. Ils séjournent dans d'anciennes maisons de pêcheur converties en logements charmants, participent à cours et ateliers et se font une joie de rencontrer le distingué conférencier. Les îliens? Chauffeurs de taxi, personnel de l'aéroport, gardiens...Ils contribuent au fonctionnement de la bulle anglo-américaine toplerienne mais n'en sont pas. Et après quatre ans dans l'île Nikki bredouille à peine le grec, juste assez pour intervenir quand il y a une trop grande incompréhension entre les indigènes et les visiteurs. Norman Wilfred et Oliver Fox arrivent dans le même avion et après un quiproquo à l'aéroport la mécanique se met en marche. Erreurs d'identité, chassés-croisés, rebondissements – tous les ingrédients sont réunis pour une farce classique. Oui, bien sûr, on peut y voir aussi un commentaire acerbe sur notre société creuse et corrompue. Mais prétention, suffisance, bêtise etc. font la base de la comédie depuis que le monde est monde. Mieux vaut en rire, n'est-ce pas? Et qu'est-ce qu'on rit! Parfait pour des vacances ensoleillées, dans une île grecque ou ailleurs, parfait aussi par un temps gris et pluvieux. Un roman très drôle!

Grand fan des écrits et du personnage de Marcel Proust, Pierre-Yves Leprince nous présente dans son premier roman un Proust joueur et détective. Les enquêtes de Monsieur Proust est un véritable roman d'admiration, fait de toutes les infos et anecdotes que nous avons du Marcel Proust écrivain, et en société. On y croise ainsi Georges Charpentier, le Paris des guinguettes, Céleste Albaret et l'on se prend même au jeu des énigmes dans le parc du Château de Versailles aux côtés de Marie-Antoinette.

"Mars avait des couilles et le verbe haut." Alors imaginez un peu le remue-ménage provoqué par sa mort ! Lorsque le commissaire divisionnaire de la crim' récupère les agendas d'un avocat aussi renommé que corrompu, il se sent naître une conscience politique et souhaite les balancer à la presse. Il le paiera de sa vie.

Adam et Edward, enfants, sont élevés hors du monde en quelque sorte, dans un cocon familial d'où les camarades de classe, les pères sont absents.Ils en deviennent des hommes différents, lunaires, plus doux mais d'une force et d'une ténacité hors du commun face aux renoncements qui les environnent : l'un connaît la vie sous la terreur nazie, l'autre les désillusions du monde contemporain. Contre la brutalité, la peur ou l'affairisme et le désenchantement, grand-oncle et petit-neveu opposent sans fracas la puissance et la persévérance de leurs sentiments. Magnifique roman de famille et d'amour qui enchante par sa mystérieuse construction, sa limpidité d'écriture et son humour parfois.

Amedeo Modigliani et Anna Akhmatova n'ont du se rencontrer qu'une dizaine de fois au début du XXième siècle. Quelques mois tout au plus. Pourtant, en 1910 lorsque la poétesse russe découvre Paris comme en 1911 lorsqu'elle y reviendra voir son Italien, ces doux moments changeront leur vie. De ces quelques jours de passion, nous ne conservons que peu de traces. Purges soviétiques, discrétion des amants, seuls ont parcouru les années un dessin de Modigliani figurant la poétesse russe, et quelques têtes en pierre de l'artiste italien. C'est la découverte de cette dernière oeuvre qui va déclencher chez Elisabeth Barillé l'envie de mettre des mots sur leur rencontre, de se replonger dans le Paris des années 1910, dans le Saint Pétersbourg de la fin du symbolisme russe.