Premier volet d un triptyque poétique bilingue consacré à l enfermement social et culturel des migrantes, le recueil « FEUX » exprime la colère d une jeunesse trop souvent trompée dans ses légitimes espérances. Marlene Feeley est une Chilienne immigrée en Catalogne, qui élève sa famille en faisant des ménages à la journée. Elle se fait connaître à travers les réseaux sociaux pour son expression puissante et directe, parfois tendre, souvent douloureuse, toujours en quête de réponses à une existence ingrate et injuste. Stéphanie-Alice Sepschatski est une Française vivant au Mans, qui s est suffisamment identifiée à l auteure pour la traduire quelquefois en ligne avant de se lancer à vouloir en restituer la logique dans un ensemble qui vise sans cesse à dire la volonté universelle de vivre et d aimer sans entraves. Jordi Folck est Catalan ; il vit de publicités et de livres fantastiques pour l enfance et la jeunesse. Dans sa préface, il raconte sa rencontre avec Marlene Feeley et sa compréhension très empathique avec les souffrances dues à cette parole qui a tant de mal à se dire et à se faire entendre. Javiera Contardo et Benjamin Ibarra del Canto sont un couple de Chiliens de Valparaiso qui ont su restituer par le trait gravé la part de rêve qui ressort du réalisme premier des textes de Marlene Feeley. À leur façon, ils illustrent la part d imaginaire capable d échapper à la prison des mots. Les textes de « FEUX » ont été rassemblés par l éditeur en trois groupes (L aiguillon La cueillée La cendrée) qui visent à suggérer toutes les formes contradictoires de cris où peuvent se débattre les tentations et l aspiration à la fécondité de la jeunesse face au caractère mortifère des oppressions : les réalités quotidiennes rejoignent le mythe. Le motif de la Jeune fille et la Mort atteint ici aux formes exacerbées des tourments de la faim, de la misère et de l injustice.