Luc Lanel (1893-1965) et sa femme Marjolaine (1897-1976) occupent une place singulière dans les arts décoratifs de la première moitié du XXe siècle. Engagé en 1920 chez Christofle, Luc Lanel dessine des pièces assimilées à l’Art déco, développant de remarquables lignes de dinanderie et une importante orfèvrerie transatlantique. Parallèlement, le couple réalise des céramiques qui connaissent un certain succès, vases, coupes et luminaires souvent signés « La Marjolaine ». Lorsque Luc Lanel quitte Christofle en 1946, une carrière de céramistes commune débute avec des pièces d’esprit très 40. Collaborant avec de grands décorateurs, Jules Leleu, Jean-Charles Moreux, André Devèche, ils créent dans leur atelier de Neuilly, l’un tournant, l’autre émaillant, des vases, des fontaines, mais aussi des décors architecturaux d’église, de maison, pour de grands paquebots et même pour l’Élysée. L’opulence décorative, la grâce et la fantaisie de ces œuvres qui jouent sur le contraste de lisse et de relief, de terre crue et d’émail, justifient pleinement qu’elles soient passées à la postérité.