Il avait tout. L'argent, le sexe, la drogue, les nuits interminables. Il était le roi du monde. Il était trader. Mais les années 80 sont loin derrière lui, et le temps n'est plus aux gains quotidiens de plusieurs centaines de milliers de dollars en claquant des doigts. Un licenciement et une cure de désintoxication plus tard, il est seul. Aujourd'hui, il visite des appartements qu'ils ne peut pas acheter, cherche des souvenirs qu'il ne retrouvera pas, attend les appels d'un enfant qu'il n'a jamais eu. Entre évocation de vieux souvenirs au faste monstrueux et récit d'une vie d'errance et de solitude, La Chute des princes est un roman d'une beauté remarquable accrue par tant de mélancolie. Ce n'est pas noir, c'est infiniment poétique.

" Bellissimo e pericolosissimo" splendide et fort dangereux , tel est le héros de "La Chute des princes" le dernier roman de Robert Goolrick. Héros parmis les rois du monde, le meilleur parmi les meilleurs trader des années 80 au firmament d'un New York en mutation glorieuse. Chez ces gens là , avant tout l'argent coule à flots, l'arrogance s'entend comme une seconde nature, l'alcool et la drogue sont servis à volonté, le sexe se comprend toujours comme une aventure. Tous les possibles ont déjà été essayés , l'impossible seul devient la norme. D'un simple faux-pas , la chute sera d'autant plus vertigineuse, jusqu'à humiliation sociale , le sida en embuscade, la solitude en perspective. Carré, efficace , nerveux ce roman se révèle particuliérement habile et retors sans en avoir l'air. Bluffant de vérité , notre héros , suprême déchéance finira comme employé en librairie.

Bienvenus dans un monde de bruits, de fureur et de cynisme. A un rythme effréné, Goolrick depeint sans fard le monde de ces princes du capital à cheval sur une bête sans contrôle. Le tout est d'aller vite, très vite, de dicter ses règles afin de juste ralentir un peu sa chute. Une invitation à plonger avec un homme sans qualité, un anti-héros à donner des frissons. Maintenant si vous acceptez cette inviattion, c'est à vos risques et périls...Vous êtes prévenus.

Si vous aussi vous aviez vécu à New York dans les années 80, que vous aviez empoché un poste de trader à Wallstreet en jouant aux cartes et que votre charme subjuguait toutes les femmes en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, alors peut-être seriez vous devenu le héros de ce nouveau roman de Robert Goolrick. Ce héros ? Devrais-je plutôt dire antihéros car cet homme est antipathique, égoïste et prétentieux et n'hésite pas à vanter ses qualités : « J'avais tellement de charme que j'aurais convaincu un poussin d'éclore, ou vendu la clim à un Esquimau mort. » Or dans cette société où la démesure règne en maître, où l'alcool a suppléé l'eau depuis longtemps et où le sexe se partage comme une brioche à la récré, ce genre de comportement est devenu d'une effroyable banalité et la réussite, le quotidien de tout un chacun ! Mais attention à ne pas s'y méprendre car bien souvent « la suite se résume à un lent déclin, jusqu'à la chute ». Un très bon roman, vif et chargé en émotion, où chaque personnage porte en lui le poids de ces années de débauche, dominées par la menace du sida et attend, comme un condamné, l'annonce de sa sentence... C'est avec délice que l'on retrouve l'univers de Robert Goolrick afin de suivre la décadence d'un homme méprisable - mais qu'on n'arrive décidément pas à détester - dans sa quête du pardon.