Pendant la majeure partie de la dernière décennie, Nathan Pearce a produit, à partir de son domicile de Fairfield, dans l'Illinois, une série de zines et de livres, pour la plupart low-fi, enracinés dans une recherche tendre et obsessionnelle sur les lieux. Depuis le début, il est évident que Pearce s'intéresse à la région rurale du sud du Midwest et à ses habitants, et il a réussi à y trouver un monde aussi intéressant et exotique que tout ce qu'un enfant du Midwest qui s'ennuie pourrait trouver dans un ancien exemplaire du National Geographic dans la salle d'attente du cabinet d'un dentiste alcoolique. Le monde de Pearce est un monde tranquille, l'un de ces endroits où l'on ne va nulle part, où l'on n'a rien à faire, qui a tendance à provoquer une crise de panique chez les personnes surstimulées. Dans les photographies tranquilles rassemblées dans High & Lonesome, cependant, il y a un acte d'intendance indubitable et presque subversif, une culture des mystères et de la dévotion qui embrasse et subvertit à la fois la mythologie du Midwest rural. Ce sont des photos calmes, mais pas entièrement silencieuses ; au-delà, on peut entendre le vacarme du monde naturel, ou le bruit de la circulation, morne et lointain. Elles sont également étrangement hors du temps ; une photo d'une page de janvier 1993 d'un calendrier publicitaire est une métaphore appropriée pour un lieu qui semble être piégé dans l'ambre. En fait, il y a très peu de choses dans ces images qui indiquent que le XXIe siècle n'est rien d'autre qu'un cauchemar encore lointain tiré d'un roman de science- fiction en fascicules. William Gass, dans The Heart of the Heart of the Country, a écrit : "Bien sûr, il y a de quoi s'émerveiller n'importe où ; il y a de quoi aimer, n'importe où, si l'on est assez fort, assez assidu, assez perspicace, assez patient, assez gentil - tout ce qu'il faut". High & Lonesome est un cours magistral sur ce qu'il faut faire.