Il nous fallait un chant est une pétition et un manifeste lyriques. Écoutons-le qui exécute un pas de deux d’une danse somptueuse, creusant l’écart pour créer l’unité, hésitant pour mieux affirmer et affirmant pour mieux hésiter. Le son, le pas, le sens sont emmêlés avec une telle science du poème qu’un vertige ample et souverain nous guette à chaque syllabe. L’unité rythmi¬que d’Il nous fallait un chant est l’extase.
Jennifer Grousselas est une poète française qui écrit à partir de l’hémisphère Sud du poème — de Léopold Sédar Senghor à Saint-John Perse, de Mahmoud Darwich à Pablo Neruda (et un zeste de tragédie grecque antique), qui sont revisités et reformulés par une chorégraphie, une vision et une langue-transe qui n’appartient qu’à elle. Car Jennifer Grousselas chante pour le monde, pour sa fille et pour son fils (l’une et l’autre poétiquement conçus) dont elle éduque le regard avec de grands aveux d’amour, des réponses et des prières.